Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Adeline Joliveau de Segrais

1756-1830

Fabuliste

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L'Aigle et le Ver

L'Aigle disait au Ver sur un arbre attrapé:

"Pour t'élever si haut, qu'as-tu fait? - J'ai rampé"

Voici la version de Lebrun

Les deux charrues

Le soc d'une Charrue, après un long repos ,
S'était couvert de rouille , il voit passer son frère,
Tout radieux , revenant des travaux :
— Forgé des mêmes bras, de semblable matière,
Lui dit-il, je suis terne , et toi, poli, brillant :
Où pris-tu cet éclat, mon frère ? — En travaillant.

L'Aigle et l'Aiglon

Crains, mon fils, dans ton vol, d'approcher de la terre ;
« Fuis l'autruche imbécille et l'animal rampant,
« Mais surtout les oiseaux qui craignent la lumière,
« Disait un Aigle à son enfant.
—Pourquoi voler si baut, mon père ?
« Faible encor, je ne puis dans l'air me soutenir :
« Attendez, le soleil fatigue ma paupière;
« La terre à mon repos semblerait convenir. »
—Si tu crains de voler, mon fils, à ton aurore,
A ton midi tu dois ramper encore.
Et tes yeux éblouis de la clarté du jour
T'abaisseront sans cesse au terrestre séjour ,
Où quelque faux brillant trop souvent nous attire.
Toujours à s'élever il faut qu'un Aigle aspire.