Lauvergne (Madame de)... 17..-17..?
Madame de Lauvergne
(17..-17..)
Madrigal
C'est assez combattu, ma raison rend les armes,
Cède à Tirsis, cède à l'amour;
Hélas, je ne puis plus résister à ses charmes,
Et je sens malgré moi, qu'il triomphe à son tour.
Stances
Amour qui m'as fait voir Timandre si charmant,
Fais lorsqu'il me verra qu'il me trouve de même,
Qu'il brûle de l'ardeur qui me va consumant,
Et qu'il me puisse aimer autant comme je l'aime.
Fais si bien toutefois qu'il ne découvre rien,
N'épargne en ce dessein, ni ruse ni souplesse,
Qu'il me donne son coeur sans espérer le mien,
De peur qu'il ne triomphe enfin de ma faiblesse.
Le temps me presse amour, va faire ton devoir,
Va m'ouvrir dans son coeur un glorieux passage,
Et s'il veut résister à ton divin pouvoir,
Mets pour le surmonter tous tes traits en usage.
Je sens que la pudeur, la crainte et la raison
S'unissent dans mon âme afin de te détruire;
Mais tous leurs vains efforts ne sont plus de saison;
Comment les écouter quant ils veulent te nuire.
Je m'abandone amour, ma raison y consent,
Que dis-je, ma raison; hélas! tout au contraire,
Ce que tu me prescris, elle me le défend;
Je n'ôserais parler et je ne puis me taire.
Mon esprit se confond dans ce raisonnement,
D'un et d'autre côté le péril est extrême,
Si je ne parle point, je perdrai mon Amant,
Et si j'ôse parler, je me perdrai moi-même.
Pudeur, crainte, raison, qui blâmes mes soupirs
Cédez à mon amour, il est temps de se rendre,
Cessez de condamner mes innocents désirs,
Et pour être écoutés, parlez-moi de Timandre.
C'est par là seulement, crainte, raison, pudeur,
Que vous pouvez avoir empire sur mon âme;
Je ne vous défends pas le séjour de mon coeur,
Mais gardez-vous au moins d'attenter à ma flamme.
Pour Mademoiselle Godefroy
Certain je ne sais quoi plein d'éclat et de grâce,
Brillant dans vos beaux yeux, divine Godefroy,
Des plus rares beautés tous les charmes efface,
Et fait à mille Amants révérer votre loi:
Cependant à leurs coeurs vos traits sont redoutables,
Plus ils paraissent doux, moins on les trouve tels,
Et par un sort cruel, plus ils sont adorables,
Et plus ils sont mortels.
Elégie page 25
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