Machet (marie-Madeleine
Marie-Madeleine Machet
Bordeaux, 1910 - Paris, 1964
- 1938 : La voyageuse
- 1942 : Dürer
- 1950 : Ce même vent
- 1957 : Les fêtes du monde
(Mon rempart...)
Mon rempart, ma forteresse
sont tombés avec ma défaite.
Mon sang coule par mille blessures.
Mon coeur, mille fois transpercé
gémit, captif.
Plue que ruines sur mon champ de vie.
Quel horizon ne serait chimérique,
Quel soleil pourrait luire ?
La lumière est pour la victoire.
Immobile, je bois l'ombre.
Matins, soirs, heures brèves,
attendre était signe d'espoir.
Attendre est maintenant
ni ciel, ni terre.
Une simple mort ne pourra venir
m'apporter son apaisement
Vaincue sur mon sol devenu étrange
prisonnière insoumise réclamant le ciel
je ne trouverai pas aux sources de la terre
un peu d'eau pour ma soif.
(J'ai désiré...)
J'ai désiré cueillir
la fleur d'éternité
et voici :
j'ai vécu sans nourrir mes jours.
Le vent porteur d'aurores et de songes
m'a dépassée.
Mes bras demeurent sans moisson
à l'heure où l'on engrange
les fruits mûris dans les sentiers de vie.
Il ne reviendra pas
le temps où l'on cueille les aubes
dans les chemins où le soleil
est un ami fait à notre mesure.
Le soleil est dans le ciel
Indifférent et frère des soleils.
(L'enfant sauvage...)
L'enfant sauvage que je fus
dans les forêts de houx et d'asphodèles,
l'enfant qui buvait l'eau amère des torrents,
et que hantait l'odeur des mousses
dans les bois secrets,
l'enfant dont le coeur, ivre de vent,
battait avec celui de la terre.
la voici devant moi, projetée,
si haute
qu'elle me pousse, ombre sans lumière
et m'attire avidement.
La vie alors coulait de la terre à mes veines
dans un accord unique.
Et je vais maintenant, courbée sous la douleur
de ce rythme brisé
et je cherche en vain
le long regard des arbres et des eaux
qui posait sur mes yeux
une tendresse maternelle.
Ce même vent
Poèmes publiés dans l'Anthologie de la poésie féminine française de Marcel Béalu, 1953
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