Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Marie de Clèves ... ... ... ...... 1426-1487)

Marie de Clèves

(1426-1487)

Mère de Louis XII

Femme de CHarles d'Orléans

 

(Je meurs de soif auprès de la fontaine...)


Je meurs de soif auprès de la fontaine;

Je trouve doux ce qui doit être amer;

J'aime et tiens chers tous ceux qui me font haine,

Je hais tous ceux que fort je dusse aimer;

Je loue ceux que je dusse blamer,

Je prends en gré plus le mal que le bien;

Je vais quérant ce qu'à trouver je doute;

Croire ne puis cela que je sais bien,

Je me tiens sûr(e) de ce dont plus j'ai doute?

 

Je prens plaisir en ce qui m'est atayne (blessure);

Un peu de chose m'est grand comme la mer;

Je tiens de près celle qui m'est lointaine,

Je garde entier ce que je dusse entamer,

Saoul suis de ce qui me fait affamer;

J'ai largement de tout et si (pourtant) n'ai rien,

J'oublie ce que plus à coeur je boute;

Ce qui me lâche me tient en son lien:

Je me tiens sûr(e) de ce dont plus j'ai doute.

 

Je tiens pour basse chose qui est hautaine;

Je fuis tous ceux que je dusse réclamer,

Je crois plus tard le vrai qu'une fredaine;

Tant plus si froid, plus me sens enflammée (er);

Quand j'ai bon coeur, lors je prends à pâmer;

Ce que j'acquiers je ne tiens pas pour mien,

Je prise peu ce qui bien cher me coûte;

Sotte manière m'est plus que beau maintien,

Je me tiens sûr(e) de ce dont plus j'ai doute.

 

Prince, j'ai tout, et si ne sais combien:

J'attire à moi ce qui plus me déboute;

Ce que j'éloigne m'est plus près qu'autre rien;

Je me tiens sûr de ce dont plus j'ai doute.

 

 

En la forêt de longue attente


En la forest de Longue Attente 
Entrée suis en une sente 
Dont oster je ne puis mon cueur, 
Pour quoy je vis en grant langueur, 
Par Fortune qui me tourmente.

Souvent Espoir chacun contente, 
Excepté moy, povre dolente, 
Qui nuit et jour suis en douleur 
En la forest de Longue Attente.

Ay je dont tort, se je garmente (lamente)
Plus que nulle qui soit vivante ? 
Par Dieu, nannil, veu mon malheur, 
Car ainsi m'aid(e) mon Createur 
Qu'il n'est peine que je ne sente 
En la forest de Longue Attente.



07/02/2011
0 Poster un commentaire
Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 157 autres membres