Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Marie de France ... ... ... ... (12ème siècle

Marie de France

(Seconde moitié du 12ème siècle)

 

Fables et lais

Origine française: "si sui de France", mais vit à la cour d'Henri II Plantagenet et Richard Coeur de Lion.

Aristocratie normande

Elle traduit du latin en français des fables anglo-saxonnes.

 

Fables

 

De vulpe et umbra lunae

(Du renard et de l'ombre de la lune)

 

On dit qu'un renard, une nuit,

Sortit de son terrier

Et tomba sur une mare.

Il regarda dedans l'eau

Et vit le reflet de la lune

Sans savoir ce que c'était.

Puis il pensa avec courage

Qu'il voyait un grand fromage.

Il commença à laper l'eau

Et  réalisa, en voyant le niveau de la mare baisser

Qu'il pourrait attraper le fromage.

Mais il but tant qu'il en creva.

Il tomba là et ne put se relever.

 

Beaucoup d'hommes espèrent satisfaire leurs envies

Bien au-delà de leurs possibilités.

Ils meurent de leur folie.

 

 

 

Le paysan et sa stupide prière

 Un vilain allait souvent au monastère

Faire sa prière à Dieu.

Il lui demandait de l'aider

Et d'être de bon conseil

pour sa femme et ses enfants,

Mais pour personne d'autre.

Il  répétait cela souvent et à si haute voix

Qu'un autre vilain l'entendant

S'empressa de lui répondre:

"Que Dieu te maudisse de sa toute puissance,

Toi, ta femme et tes petits

Et que nul autre ne soit maudit".

 

Par cet exempe je veux souligner

Que chacun doit prier

sans nuire à personne

Et pour plaire à Dieu.

 

Extraits du lai d'Eliduc


Déjà marié, Eliduc, un vaillant chevalier de la Petite-Bretagne,  va chercher en Angleterre de quoi occuper son courage. Il se met au service du vieux Roi d'Exeter, en guerre avec ses voisins. Le Roi lui demandera de rester à sa solde pendant un an.

 

Guilladon, la fille du Roi tombe amoureuse de lui...

 

"j'aime le nouveau soudoyer,

Eliduc, le bon chevalier;

Ne puis la nuit trouver repos,

Et n'ai pu dormir, les yeux clos.

Si par amour il veut m'aimer,

Et de son corps bien m'assurer,

Je ferai tout pour son plaisir;

Lui en peut grands biens advenir:

De cette terre, il sera roi.

Il est si sage et si courtois,

Que, s'il m'aime avec douceur

Mourir me faut à grand douleur."

 

 

Eliduc s'éprend à son tour de la jeune fille.

 

 

La séparation

Eliduc fait ses adieux à Gilladon.

 

Quand vint le moment de partir

De douleur il pensa mourir.

Les yeux, et la face lui baise;

Belle, fait-il, à Dieu ne plaise

Que jamais puisse armes porter

Ni longtemps vivre ni durer.

Belle amie, à malheur me vîtes

Douce chère, à mal me suivîtes,

Belle, déjà vous seriez Reine,

Sans l'amour loyale et sereine

Dont vous m'aîmates grandement.

Pour vous mon coeur est tout dolent.

Le jour où je vous enfouirai,

Dans un couvent je rentrerai;

Sur votre tombe chaque jour

Ma douleur redirai toujours.

 

 

Plus tard, après le retour des deux amants en petite-Bretagne...

Guilladon est morte...

 

La femme d'Eliduc dans la chapelle mortuaire

 

Quand en la chapelle est entrée

Et vit le lit de la Pucelle

Qui ressemblait rose nouvelle,

La couverture elle enleva

Et vit le corps si délicat,

Les bras longs, et les blanches mains

Or elle sait la vérité,

Ce qui a son sire endeuillé.

Lors son valet elle appela

Et la merveille lui montra:

"Vois-tu, fait-elle, cette femme

Qui de beauté semble une gemme,

C'est l'amie de mon Seigneur

Pour qui il mène tel douleur.

Par foi, ne m'émerveille mie,

Quand si belle femme est périe.

Tant par pitié, tant par amour,

Jamais, n'aurai joie nul jour."

 

La femme d'Eliduc ressucite Guilladon grâce à une fleur rouge

 

""Dieu, fait-elle, que j'ai dormi!"

Quand la dame l'ouït parler,

Dieu commence à remercier.

Lui demande qui elle était

Et la pucelle répondait:

"Dame, je suis en Logres née,

Fille d'un Roi de la contrée.

Moult ai aimé un chevalier,

Eliduc, le bon Soudoyer.

Avec lui il m'a emmenée,

De me tromper a fait péché

Femme il avait, ne me le dit,

Ni jamais supposer ne fit.

Quand de sa femme j'ouïs parler,

Du deuil que j'eus, je me pâmai...

Vilainement m'a conseillée

Et en autre terre laissée.

Il m'a trahie, las, je le vois

Bien est folle qui homme croit."

 

La femme d'Eliduc se retire dans un couvent et permet à Eliduc d'épouser la princesse.



11/02/2011
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