Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Marquets (Soeur Anne des) ... ... ... 1533-1588

Soeur Anne des Marquets

1533-1588

 

- Sonnets spirituels (1605)

 

 

 

(Ne jetez plus sur nous...)

 

 

Ne jetez plus sur nous d'injures si grands sommes,

Hommes par trop ingrats et de coeur endurci,

Dieu n'a-t-il pas de nous comme de vous souci?

N'est-il pas créateur des femmes et des hommes?

 

Je sais bien qu'entre vous il y a maints prud'hommes,

Maintes femmes y a vertueuses aussi;

Et l'un et l'autre sexe il n'y a nul sans si (sans reproche),

Car d'une même chair environnés nous sommes

 

Voyez comme aujord'hui les femmes ont l'honneur

Les premières de voir le souverain Seigneur,

De lui baiser les pieds, d'aller dire aux Apôtres

 

Q'il a vainci la mort et qu'ore il est vivant.

De nous blasonner donc cessez dorénavant:

N'enviez nos honneurs, contentez-vous des vôtres

 


 

 

 (Quand un pauvre captif...)

 

Quand un pauvre captif accablé de tourment,

Entend dire pour vrai qu'un roi plein de clémence

Viendra de liberté lui donner jouissance,

O que cette venue il désire ardemment!

 

Ainsi ce genre humain sachant assurément

Que le grand roi du ciel prenant notre substance

Le viendrait délivrer de misère et souffrance,

Sans cesse désirait ce saint avancement.

 

C'est pourquoi si souvent les bons anciens pères

Criaient: Viens, Seigneur, viens, ne tarde plus guère,

Viens racheter ton peuple et l'ôter de prison.

 

Hé! plût à ta bonté que les cieux tu rompisses,

Forcé d'extrême amour, et que tu descendisses!

Car ta présence donne à tous maux guérison.

 

 


 

 

(Afin que le Seigneur...)

 

Afin que le Seigneur nous soit doux et propice

Alors qu'il nous viendra pousser au dernier port,

Ayons toujours en main pour conduite et support,

Avec l'ardente foi, les oeuvres de justice.

 

Hé! qui pourrait penser le tourment, le supplice,

L'angoisse, la frayeur, le regret et le remord,

Qu'ont ceux qui, se voyant accablés de la mort,

Sont vides de vertus et remplis de tout vice?

 

Las! nous n'emportons rien que les biens ou méfaits

Dont la vie ou la mort pour jamais nous demeure.

Tous ces biens donc qu'alors nous voudrions (en 2 syllabes) avoir faits,

 

Pour n'être point surpris, faisons-les dès cette heure,

Et ne nous promettons jamais de lendemain,

Car tel vit aujourd'hui qui sera mort demain.

 

 


 

(O fleur d'infini prix...)

 

O fleur d'infini prix, chaste virginité,

D'être trop téméraire on me pourrait reprendre,

Si par mes humbles vers je voulais entreprendre

De célébrer ton los (ta louange), ta gloire et dignité:

 

Vu que celui qui règne en toute éternité,

Que la terre et les cieux ne surent onc comprendre,

A voulu aujourd'hui en toi notre chair prendre,

Joignant à ton bonheur l'heur de maternité.

 

Si que l'enfantement et l'intégrité pure,

La majesté divine et l'humaine nature,

Qui avaient paravant discord perpétuel,

 

Ont en paix converti leur antique querelle,

Car au sacré giron d'une sainte pucelle

Ils sont unis et joints par accord mutuel.

 

Dernier sonnet (en fait, le 480 et non le 380)

 

 

Bibliographie

 

Sonnets spirituels (1605)



17/01/2011
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