Montanclos (Marie-Emilie Maryon de) 1736-1812
Montanclos
(Marie-Emilie Maryon de)
1736-1812
ou Marie-Emilie Maryon
ou Baronne de Prinzen
Oeuvres diverses de Madame de Montanclos, 2 volumes, Grenoble (1790). Tome 1
Théâtre (voir archiv.org). Directrice du théâtre Montansier à Versailles
Opéras (archiv.org)
Editrice du Journal des Dames à partir de 1774
Ebauche de poèmes en prose?
Chant d'un pêcheur
Le plaisir,
Et non la constance,
Le désir
Sans persévérance,
Voilà ma seule volupté,
Je lui dois toute ma gaîté.
Mon état peut offrir l'image
Des ruses qu'inspire l'amour;
Et voici, sur le rivage,
Ce que je fais tour à tour:
Dans l'onde agitée ou tranquille,
Je jette en riant mes filets,
Et dans ma nacelle mobile,
Avec art j'ai l'oeil aux aguets.
D'abord le poisson fuit l'amorce,
Je le vois sans m'en irriter;
Il court, revient, s'agite et perd sa force;
L'appât est sûr, il ne peut l'éviter.
En amour, je prévois de même:
Beauté que trouble le désir,
Quand la nature veut qu'elle aime,
Lutte en vain contre le plaisir.
Le plaisir,
Oui, le plaisir,
Et non la constance,
Le désir
Sans persévérance,
Voilà ma seule volupté;
Je lui dois toute ma gaîté.
(Almanach des Muse, 1812)
Stances sur Versailles
Palais des Rois, Temple de la Fortune,
Vous n'êtes point le séjour du bonheur;
Et votre aspect a produit sur mon coeur
Le triste effet d'une vue importune.
Je veux en vain fermer les yeux
Sur ce qui m'afflige ou me blesse:
Quand ta fausseté me caresse,
Avec douleur je regarde les Cieux.
Par-tout ici je rencontre l'envie;
Et malgré ses déguisements,
Sous ses plumes et ses rubans,
On connaît encor la furie.
Impomptu fait à Champigni, après avoir vu Mlle Mikvé Calmer, jeune et belle juive
Hier à mes regards s'offrit, d'un air modeste,
Un rejeton des enfants d'Israël,
Une beauté, que je trouvai céleste.
Et je me dis: Si, du temps de Marie,
Avoir paru l'adorable Mikvé,
L'Ange eût pu se tromper sur la Vierge choisie,
Et celle que je vois aurait eu son avé.
Chanson d'une bergère de Savoie
(extraits)
Réveille-moi, coq matinal, redouble ton chant bizarre. Je veux jouir du lever de l'aurore. Et je dirai alors à l'étoile qui brillera sous le firmament: "Je te salue, astre de nos bergers, je te salue; sois toujours le signal favorable qui m'annonce l'arrivée de Mirtil. Et je te consacrerai mes chansons du matin; elles me seront inspirées dans la plus belle heure de ma vie."
Fleurs qui venez d'éclore, oiseaux qui gazouillez d'un ton si doux, aubépine parfumée, verdure couverte de perles transparentes, et vous nuages azurées, vous m'annoncez un nouveau bienfait du ciel: en vous voyant, je goûte le plaisir d'être et mon coeur s'agite dans mon sein comme le jeune ramier au retour de sa mère...
Existence précieuse, il faut savoir sans murmurer, vous rendre à l'Eternel;
mais loin de nous, l'homme cruel qui chercher à précipiter votre fin: ses derniers regards porteront l'effroi dans le coeur innocent...
J'entends les pipaux rustiques, ils précèdent les moisonneurs. Aimable gaîté, compagne du berger vertueux, viens toujours l'aider dans ses travaux. Et toi, fidèle amitié, fais-le reposer dans tes bras et essuie son front brûlant avec des feuilles de roses.
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