Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Moreau (Elise) vers 1820-1850

Elise Moreau

(devenue Elise Gagne par son mariage avec Paulin Gagne)

 

1813-18**

 

 

 

 

1836 : Une visite à Elise Gagne (Moreau)

 

1858 : Omegar ou le dernier homme 

1865 : L' anémone du Colysée

Une destinée: Scène de la vie intime (1838)

(roman comprenant plusieurs longs poèmes)

 

Ma poésie

 

Ma poésie, à moi, ce n'est point le zéphire

Qui baise en folâtrant le calice des fleurs;

Ce n'est point le ruisseau qui mollement soupire,

Ni le brillant nuage aux changeantes couleurs!

 

Ce n'est point de l'amour les brûlantes étreintes, 

Les rêves enchantés, les serrements de main,

Les regards languissants, les paroles éteintes,

Les lèvres et les coeurs se disant: "A demain!"

 

Ma poésie, à moi, c'est la foudre et les ondes

Grondant avec fracas aux lueurs des éclairs!

C'est le renversement des trônes et des mondes,

C'est la faux du trépas moissonnant l'univers!...

 

Ma poésie, à moi, c'est, lorsque minuit sonne,

Les sourds gémissements échappés des cercueils!

C'est le bruit de l'airain, farouche et monotone

Comme le bruit d'un mât se brisant aux écueils!

 

Ma poésie, à moi, c'est celle que le dante

Invoquait en créant son terrible Ugolin!

Amante de l'orgie, échevelée, ardente,

Son front n'est point caché sous un bandeu de lin.

 

Elle se plaît aux lieux où le carnage règne,

Où le démon du mal promène sa fureur,

Où dans le vice impur l'homme égaré se baigne,

En croyant se baigner dans les flots du bonheur!...

 

Enfant, ma poésie aimait la nuit, l'orage,

Le souffle impétueux des vents glacés du nord,

Des toreents débordés le murmure sauvage,

Les plaintes du blessé, le râle de la mort!...

 

Loin des sentiers boueux où marche le vulgaire,

Précipitant son vol verrs un nouvel Eden,

Si ses yeux s'arrêtaient sur les champs de la terre,

C'était pour leur jeter un regard de dédain!...

 

Et puis se couronnant de lierre et de verveine,

Seconde Velléda, lorsque la nuit montait

Dans son char dont l'argent se nuançait d'éb!ne,

Sur un rocher désert souvent elle chantait.

 

.....

 

(p. 238)

 



27/03/2012
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