Noiram (Rita del)
Rita del Noiram
Juillet 1918
A la mémoire de mon Père.
Prière de la victoire
Nous t’évoquons, Déesse, en le calme du soir,
Plus belle qu’une sœur de la Minerve antique ;
L’air des monts flotte encore aux plis de ta tunique,
Et ce vent de l’Olympe est un souffle d’espoir.
Nos cœurs fument vers toi comme un seul encensoir,
Vierge de la bataille au geste prophétique !
Vient tresser sur nos fronts les palmes de l’Attique,
La rose du triomphe auprès du laurier noir.
Nous sommes dans la nuit, fais renaître l’aurore ;
Et qu’aux vibrations de ton appel sonore,
Quand fuira vers le Rhin le Vandale au poil roux,
Les braves dont la Mort a terni les prunelles
Sentent passer soudain, comme un baiser très doux,
Sur les tertres fleuris le frisson de tes ailes !
Des Accords sur le Luth, 1920
Pro Patria
Septembre 1914
C’est un fils du soleil, un enfant de Provence,
Et sa taille bien pris comme un jeune aubépin,
Œil de jais, teint bronzé sous le béret alpin,
Habile au jeu d’amour, prompt à venger l’offense.
Sur la Marne, Choc rude ! Il faut garder l’avance,
L’orchestre bavarois fait rage ce matin ;
Dans l’ombre des taillis, aux replis du chemin,
La Mort s’embusque et rôde en traitre connivence.
Tel un éphèbe grec, au jour du Marathon,
Le chasseur est tombé sous un obus teuton
La soif le brûle... et rien ne peut calmer sa fièvre.
Mais, stoïque, il s’endort du suprême sommeil,
Car son rêve croit voir, dans un halo vermeil,
La Victoire en chantant, le baiser sur la lèvre.
Des accords sur le luth, 1920
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