Ordre (Mlle d') vers 1750 - vers 1830
Mademoiselle d'Odre
approximativement
1750-1830
- Fables et Poésies fugitives, 1826
Mlle d'Ordre n'écrivait pas ses poèmes.Ceux-ci ont été recueillis et publiés vers la fin de sa vie.
(J'ai été attiré et intrigué par son style "marotique". Consulter le recueil pour retrouver son style "normal")
Extrait de la Préface du recueii
Extrait de la
Préface en vers marotiques
.................................................
Partant, ici placerai quelques fables;
Aucunes sont que l'on trouve agréables,
D'autres aussi qui ne le sont pas tant,
Et mon esprit ne fut toujours content,
Après viendront maintes pièces sans titres,
Puis une idylle, et puis quelques épîtres;
Puis un rondeau, puis contes et couplets,
Des vers enfin sur différents sujets.
Or, voilà donc la préface et le livre:
L'avais promis, faut bien que je les livre;
Or, si le ciel par un arrêt fatal,
Envoie un jour mes vers à l'hôpital,
Aurai regret de leur mésaventure;
Mais on n'oyera de moi plainte ou murmure;
Suis préparée à tout événement,
Et ce malheur porterai doucement,
Mais si le ciel permettait au contraire
Que les chalands vinssent chez le libraire,
Et que mon livre, étant fort à leur gré,
Fût d'acheteurs fréquemment entouré,
Je changerais, par ce bonheur notoire,
Oeuvre inutile en oeuvre méritoire;
Car si rimer peut être un tems perdu,
Lorque l'ouvrage est une fois vendu
Et qu'on en a tiré quelque pécune,
On peut du pauvre alléger l'infortune;
C'est un plaisir dont je ne jouis pas:
Sens bien pourtant que j'en aurais fait cas.
Stances composées dans les cachots de la Conciergerie en 1794
Des biens d'amour onc n'eûtes jouissance,
Me disait-on: peut-être n'aimez rien?
S'il est ainsi, chantez indifférence.
Ai répondu, tel chant m"irait bien;
Comment chanter sentiment qu'on ignore?
Indifférence est si loin de mon coeur!
Pas n'ai d'amour; mais il existe encore
Autre penchant qui donne le bonheur.
D'amitié pure ai connu tous les charmes:
Mais, las! que sert y penser aujourd'hui!
Plus n'ai plaisir; la cause de mes larmes,
Si j'en répands, ce sont larmes d'ennui.
Ou bien ce sont larmes que souvenance
Si doucement de nos yeux fait couler;
Plus d'une fois ont charmé ma souffrance
Dans noir chagrin trop lent à s'envoler.
Aussi toujours je pense à ma patrie,
Lorsque renaît ou que finit le jour;
Ne peux bannir image tant chérie,
Car je n'attends bonheur qu'après retour.
Lors dans mes bras tiendrai tout ce que j'aime,
Lors mes plaisirs me seront tous rendus:
Après chagrin lorsque joie est extrême,
Des maux passés l'on ne se souvient plus.
Adonc ne dois chanter indifférence;
L'ai crue toujours un mal plutôt qu'un bien;
Peux me tromper, mais donne préférence
A longs tourments plutôt qu'à n'aimer rien.
Vers marotiques
Blanches rosée est chose de printemps;
Souventesfois on la voit dans ce temps;
On n'en a cure, et nul ne s'en étonne.
Mais les frimas des derniers jours d'automne
Sont de l'hiver tristes avant-coureurs;
Sans les sentir, jà l'on craint ses rigueurs:
Aussi d'effroi n'est coeur qui ne frissonne.
De même en la jeunesse, entre des cheveux bruns
Qu'un cheveu blanc par hasard se rencontre,
On s'en amuse, on en rit, on le montre:
Car tels cheveux lors ne sont pas communs.
Mais vient le tems où la tête grisonne;
Où la couleur blanche en cet endroit foisonne;
Où cheveux blancs deviennent importuns,
Annoncent trop vieillesse, hiver de notre vie:
Triste saison, qui fâche d'autant plus,
Que d'un nouveau printemps pas ne sera suivie;
Et que regrets sont alors superflus.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 165 autres membres