Périn (Cécile) 1877-1959: Je pense aux jeunes morts... (1919)
Cécile Périn
Elle fait partie des jeunes poètes qui collaborent aux revues éphémères pendant la décennie qui précède 1914. Son volume de 1919, Les Captives, hésite entre le soutien tiède à la guerre et le mépris, comme dans le poème suivant, choisi par Romain Rolland pour son anthologie, Les Poètes contre la guerre. (N. Goldberg).
Je pense aux jeunes morts
Beaucoup ne verront plus palpiter la lumière,
Ni l'éclat délicat des matins de printemps.
Un doux soleil entr'ouvre en vain les primevères;
Je pense aux jeunes morts qui n'avaient que vingt ans.
Le destin les coucha dans l'ombre, à peine en vie.
Et les vieillards et les femmes regarderont,
La flamme vacillant dans ces mains engourdies,
S'éteindre les divins flambeaux; - et survivront.
Mais ils ne pourront plus connaître cette ivresse
Qui les envahissait, jadis, au temps joyeux.
Pour un rayon posé sur les pousses qui naissent,
Pour un jeune arbre en fleur, pour un pan de ciel bleu.
Ils n'auront plus jamais l'exaltation douce
De ceux que la beauté seule autrefois rythmait.
Leur coeur se souviendra de l'horrible secousse
Quand l'oubli s'étendra sur les jardins de Mai.
Les Captives, 1919
Les Femmes de tous les pays
Les femmes de tous les pays,
A quoi songent-elles, muettes?
Celles à qui la guerre a pris
Le bonheur? Les femmes qui guettent...
Les femmes de tous les pays,
O complices inconscientes,
Vous étouffez encor vos cris,
Vous êtes là, comme en attente.
Les femmes de tous les pays,
La voix meurt donc dans votre gorge,
Quand ce sont vos hommes, vos fils,
Que l'on mutile ou qui s'égorgent?
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