Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Poétesses d'expression française (du Moyen-Age au XXème siècle)

Plantier (Thérèse) 1911-1990

Thérèse Plantier

1911-1990

 

Proche des surréalistes

 


 

(Un casque un masque)


Un casque un masque

Décorent ma fête explorée dans les placards

où je ne trouve pas de puits

pour plonger à la recherche aigue-marine

alors je pars à la conquête du feu

sous tes paupières loggias d'univers

Tes soupirs sont des ordres

tes murmures crient

dans les angles des pièces

où se consume leur cadavre,

ton corps éolienne abattue par le vent

a défoncé le toit de la maison

où nous cherchons nos objets quotidiens

sous un enchevêtrement de poutres

à demi-calcinées,

sitôt que nous entrons tout s'est écroulé,

les bombardements au ralenti

précèdent nos visites,

Que de pansements de détritus!

Nous ne nettoierons jamais assez

les recoins du désastre

pour y installer ces lits sans remords

où tu t'es couchée

                       traînée

                             perdue

 

Chemins d'eau, 1963

 

 


 

 (Il s'agit d'écarter de moi...)


Il s'agit d'écarter de moi ce parfum où s'écaille le crépuscule en pleurs, ces fillettes qui neigent.Aussitôt ondoie le poème aux poignets flexibles. Anonyme parmi les filles d'Espagne (et les dernières giroflées, il n'attend pour s'étendre mort que d'avoir dansé jusqu'au fond de l'extrême impasse où luit la nuit en tessons.

 

Mémoires inférieures, 1966

 


 

Mon amour

 

 

Parce que j'avais senti la première odeur de l'été

j'avais cru que je vivrais mille ans

auprès de toi

mais j'étais en retard il aurait fallu

prendre le train tes yeux

puis descendre à contre-voie

parmi les bardanes et les orties violettes

battre les buissons tambouriner

dessus avec des paumes de laine

cardée par les ronciers

l'avenir se chargea de me détromper

vira au bleu-silence

tandis que les gousses des genêts-à-balai

percutaient sec sur le ciel

plié à gauche dans l'odeur de tes doigts.

 

Cité dans http://jeanclaudearrouge.blogspot.com/2008/12/mon-amour.html


 

(Parmi les rouquins...)


Parmi les rouquins qui puaient l'oignon

 

elle mangeait exquisement son bol de soupe

 

la jeune fille anglaise bien élevée

 

puis elle s'est enfuie exquisement

 

terrorisée

 

d'avoir donné son appétit en spectacle

 

comment osera-t-elle le soir venu

 

ôter sa culotte ?

 

supposons que prête à toute éventualité

 

elle n'en ait point mis ce matin

 

est-ce là ce que nous pouvions espérer ?

 

 

 in Jusqu'à ce que l'enfer gèle 

(Ed. Pierre-Jean Oswald, 1974) 

cité dans http://www.poesie-erotique.net/TheresePlantier.html

 



29/02/2012
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