Prager (Marie-Françoise) années 1960-1970...
Marie-Françoise Prager
années 60-70...????
"Une oeuvre aussi fascinante que le mystère qui entoure son auteur".
Lire la présentation qu'en fait
(Pour fuir...)
Pour fuir en vous je suis,
en vous je vous oublie.
Je couvre tous les bruits
de sorte que j'habite
la nuit de votre corps
momie qui m'enveloppe.
L'aorte est cachée.
Vous rêvez par la peau.
A J. T. Barendregt
(De lui et de moi...)
De lui et de moi les longueurs ne font qu'une
nous sommes la route momifiée.
L'asphalte que nous sommes ne rêve pas
Une ruine autre que de cellules se termine
ce qui rase la pâleur de dents est de chlore
(la salive se retirait, un gloussement
persiste ailleurs). Dans ces longueurs de corps il n'y a pas de fuite, rien à conduire. Nous sommes
la froideur embaumée de notre attachement.
Poèmes publiés dans la revue Esprit, mars 1966.
(Atone...)
Atone qui me hante
où le plaisir
du ferment bleuté
rouge pause,
rose altière et scabreuse
et au rire feutré
jaune rente simulée,
violette et amante paresseuse
qu'en descente anxieuse
et de cire ma main
prenait au bouquet presque frais encore
aux regrets sans retour
flagrant à la tombe récente
que j'ai retrouvée en errant
le long du nonchalant
et tiède immobile
au velouté et au refus
du moisi qui respire à peine
d'une paupière refroidie
au toucher qui jubile.
publié sur le site de France Culture
Extraits de "Narcose", 1970
(...) Fermez les yeux, lézards!
Par les crêpes majeurs
des spasmes du soleil
l'orbe noire irrite une treille,
traverse le vertige de mille soleils
âcres de noir à un noir non pareil.
C'est dans l'orbe d'une telle mémoire
que s'abîme ébloui le mortel.
Ce soir, bêtes, chantez le vert privé de l'eau (...)
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(...) Intime je me vole
un blanc intérieur
et ce "ma soeur, ma soeur"
pour la vertu du lys
me résume en l'inceste
du blanc et de ma peur.
Mes neiges sont distraites
sans terre d'arrivée
et sur l'écume blême,
un même de moi-même
je glisse dans mon cygne,
mon col est dans mon col.
D'une si pure escorte,
concrétion du songe
ma forme est mon mensonge
et dans ce jeu de cartes
je suis la dame blanche
qui à tout prix revient (...)
------------
Pour faire durer le corps je voyage dans les régions sourdes.
Il y a l'alcôve au parfum de plumage, gradué de la vie à la mort, des coquillages de rappel couchés sur un fond de marne, les plantes douteuses.
C'est là que je retrouve le corps en sommeil imperméable.
Extraits cités par Serge Brindeau dans son anthologie "La poésie contemporaine...depuis 1945, 1973
Parti pris
Et je voudrais être la momie de moi-même, immobile, couverte de cette bâche préparée et durcie de la passion, soumise à la chimie de la conscience.
Chair: encombrante et fantaisiste qui suit les caprices du sang liquide tout en couleur.
Mais la matière du songe, c'est la matière des os, qui miment et font des exercices cachés, donnent les rimes mates et poudres du futur.
Malgré vos gestes qui sont une fuite musicale je ne vous vois qu'en l'armature pâle de vos os. Et je les compare à ceux du moine enseveli sans rumeur il y a longtemps, que la tombe refuse, remis à jour et séchés.
Près de vos doigts l'ombre du verre est de verre.
Publié dans "Poésie féminine d'aujourd'hui n° 6 (tome 1) 1974
Jeanine Moulin a également retenu d'elle quatre poèmes dans son antologie, "Huit siècles de Poésie Féminine", 1963. Voici l'un d'eux.
Le cygne
Le cygne est l'obstacle sur un socle
il ne s'est jamais libéré du mythe
La matière des mots-dits pèse
sur l'envol asymétrique
Du complexe cygne obscur en le dedans
de ce vaisseau de pensée rêvée
la présence qui osera l'affirmer
Le regarder dans une durée est
une brèche et l'eau ondule figée
C'est une eau défendue
mal volontiers on suppose un tête à tête
Qui croit avoir reconnu le cygne
demandera à se faire pardonner
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