Prassinos (Gisèle) 1920-...
Gisèle Prassinos
1920-...
Photographie empruntée à l'adresse qui suit
Consulter impérativement la page
http://www.arcane-17.com/pages/surrealisme-sonore/gisele-prassinos.html
(photo+long enregistrement)
et aussi
(longue interview)
Quatre poèmes publiés par Maurice Béalu dans son
Anthologie de la poésie féminine française (1953)
(Tout sent la noisette ici)
Tout sent la noisette ici
Je le sais et je sais aussi
Qu'il y a une table
Et un chien qui se pâment
Comme moi tout est beau ici
Et je vois dans un coin
Entre les fils entremêlés du soir
Une ombre et un chameau
Qui craquent
Pour savoir combien il y a d'heures
Ici j'ai parlé et là je me suis tuée
Et après quand j'ai passé par
le petit endroit du couloir
Quelqu'un m'a enterrée
Et alors seulement après tant de folies
J'ai compris qu'il y avait des tigres ici
Qu'il y avait aussi des cheveux
Et que la mort et ses yeux ont disparu.
(Parmi les fleurs...)
Parmi les fleurs ton coeur a germé
Ainisi qu'un démon des plumes centrales
Et plus tard
Entente certaine
Plus tard très tard dans un lieu sûr
Je t'enlèverai les narines pour que tu sois belle
Très belle
On disait oui
Mais quand mon être vieux et lent
Très veineux et presque maigre
Mais naturellement
Nous irons là
Si vieux qu'il peinait si fort
J'ai chanté vec toi
L'éternelle.
La Lutte Double
Viens sur moi...
Viens sur moi sans tes genoux vides
Essaie sans tes doigts que je baise
D'ouvrir ce petit lit lourd de blancheur
J'y ai mis de la braise
Un souffle chaud de ceux qu'on trouve à la campagne
L'occupe et nous le fait aimer
Le matin y plonge sans cesse
Avec des fleurs et du papier d'argent
On sent sous la toile une odeur de bois coupé
Qui monte dans la tête de ceux qui le regardent
Ecoute-moi ne t'amuse pas à me lancer loin de toi
Admire un peu un objet
Que j'ai confectionné avec une peau et mon corps engourdi
La rivière et la fleur
La rivière et la fleur sont des femelles
Tandis que tes cheveux sont beaux
J'aime les cheveux et la toile est plus belle
Et plus beaux encore sont les animaux
Il y a dans les bras quelque chose qui a des moustaches
Un nez des yeux et quelquefois une queue
Mais puisque tu ne veux pas me prendre
Tu es très satisfaite.
Facilité crépusculaire
Une conversation
Dans un champ de blé,
L'homme est vêtu d'une tunique de dentelle ocre tachée de rouge.
Le cheval est nu. A sa queue est pendue une boîte d'allumettes d'où sortent les antennes d'une sauterelle.
L'homme est assis sur un coussin blanc orné de dessins verts.
Le cheval sur l'homme.
L'homme: Avons-nous méprisé le diamant vert?
Le cheval: Je crois que par la loi nous avons dû le faire. La loi étant diminuée, mon esprit demande la réduction des bougies.
L'homme: Rappelle-toi, cachet, que l'homme n'a pas le droit de satisfaire les employés et que même le téléphone refuse de payer les impôts.
Le cheval: Comprendre, c'est diminuer.
L'homme: Non, puisque nous n'avons pas encore essayé notre chance. Nous pourrions le faire, étant donné que c'est plus facile.
Le cheval: Non, non, ne croyez pas en ces choses concrètes qui doivent, malgré leur dignité, épuiser leur bavardage. Outrez-les, dites-leur des bêtises qui manquent de courage, vous verrez comment ils nous suivront.
L'homme: Pourquoi cela? N'ai-je pas assez de grossièretés pour m'occuper, en plus, de la queue d'un millionnaire?
Le cheval: L'amour que j'ai aimé m'a toujours apprécié!
L'homme: Oui, moi aussi.
Le cheval: Nous sommes du même sommet.
Publié dans "Breton : Anthologie de l'humour noir", 1966
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