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La gazette de mon amour?
Vous n'y trouverez rien qui ne soit véritable,
Pour tout autre manquez de créance et de foi;
Mais en ce que je dis, je dois être croyable,
Puisque tout se passe chez moi.
(Mlle de la Suze, 17ème)
(liste provisoire et discutable par la date de naissance)
Victoire Babois (1760-1839)
Adélaïde Dufrénoy ( 1765-1825)
Constance de Salm-Dick (1767-1845)
Marceline Desbordres-Valmore (1786-1859)
Amable Tastu (1798-1885)
Delphine Gay (1804-1855)
Elisa Mercoeur (1809-1835)
Louise Colet (1810-1876)
Louise Ackermann (1813-1890)
Anaïs Sagalas (1814-1893)
Malvina Blanchecotte (1830-1897)
Louisa Sieffert (1845-1877)
Marie Dauguet (1860-1942)
Marie Krisinska (1864-1908)
Hélène Vacaresco (1864-1947)
Hélène Zuylen de Nyevelt (1868-1934)
Marguerite Burnat-Provins (1872-1952)
Lucie Delarue-Mardrus (1874-1945)
Gérard d'Houville (1875-1963)
Anna de Noailles (1876-1933)
Renée Vivien (1877-1909)
et bien d'autres
Coup de coeur pour
Madrigal
C'est assez combattu, ma raison rend les armes,
Cède à Tirsis, cède à l'amour;
Hélas, je ne puis plus résister à ses charmes,
Et je sens malgré moi, qu'il triomphe à son tour.
(Mme Dauverne)
Elégie (extrait)
Ainsi, cruelle Iris, je viens les yeux en larmes,
Me jeter à vos pieds et vous rendre les armes:
Ainsi, malgré les maux que j'ai déjà soufferts,
Je viens triste et confus me remettre en vos fers,
Endurer les rigueurs de mon premier martyre,
Suivre vos dures lois, mourir sous votre empire,
Et vous faire paraître un cuisant repentir
D'avoir insolemment essayé d'en sortir.
Henriette de la Suze
"Plus haute est l'idée qu'un être se fait de sa gloire et plus le désir l'abaisse...Mouvement pendulaire... "(René Girard)
Cécile Sauvage, 1910
Delphine Gay
La Renaissance
"They are able to impart a sense of individuality and authenticity to their voices in spite of the fact that their works incarnate much of conventional Renaissance thought: the cult of antiquity, the concomitant predilection for ornate expression, the use of conventional topoï en forms, a love of balanced and polished diction, rare words, mythological references, and ideals of ancient moral philosophy, history, and letters. Not surprisingly, the women with the most authentic and individual voices are those not belonging to the upper nobility, those not related to literary men, and those who were affiliated with socially, politically, or religiously, subversive groups..."
(Katharina M. Wilson: Women writers of the Renaissance and Reformation, p.XII, 1987)
Quelques pistes proposées par Éliane Viennot
Université de Saint-Étienne, Institut Claude Longeon
1 - On observe de nombreuses femmes à des postes de haute responsabilité: "la Renaissance est - avec la période mérovingienne - la seule dans l'histoire de France où l'on observe une concentration de femmes gouvernant le royaume (Catherine de Médicis, Marie de Médicis..." et bien d'autres. La plupart ont écrit.
2 - Les femmes ont été au premier plan des luttes idéologiques et des débats religieux, qu'elles soient protestantes ou catholiques. Il existe d'intenses échanges épistolaires avec les réformateurs. Concernant la Contre-Réforme, penser à Mme Acarie et Marguerite de Valois.
3 - Dans le domaine philosophique, "on voit le retour du platonisme", version chrétienne, qui va profondément modifier la conception et l'image de la femme héritées du Moyen-Age. Il ne faut donc pas s'étonner de lire des poèmes imprégnés de "féminisme": Les femmes revendiquent le droit d'écrire, de penser et n'hésitent pas à stigmatiser ceux qui les regardent avec mépris et les tiennent à l'écart des lieux éducatifs.
4 - L'émergence de la bourgeoisie déstabilise les lieux traditionnels de savoir. Les nouveaux lettrés ne sont plus des clercs liés à tel ou tel monastère, par ailleurs ils ne veulent plus payer leur savoir au prix du célibat (Ce sera pourtant encore le cas de certaines femmes (Catherine des Roches) qui ne veulent pas sacrifier leur goût pour le savoir aux servitudes de la famille). Mais les hommes ont femme et enfants sans voir perturbée leur carrière littéraire. Ces derniers vont donc profiter des nouveaux réseaux liés à l'imprimerie et qui amènent dans le foyer un savoir jusque là réservé aux clercs: le capital culturel se transmet aussi de père en fils et... en fille. Celles-ci verront cependant leur formation intellectuelle soumise à des impératifs moraux et familiaux (Agrippa d'Aubigné limitant clairement les domaines accessibles à ses propres filles). Le mariage contribue quand même à une certaine émancipation culturelle des femmes (ce qu'on ne pourra plus dire au 19ème siècle!).
Au XIXème siècle, 4 périodes à distinguer
1- Fin 18ème et début 19ème: âge d'or pour la poésie féminine. Sous l'influence des Lumières, le genre est plutôt méprisé par les hommes et abandonné aux femmes. Pourquoi ne pas voir de l'ironie dans cette remarque de Victoire Babois? "Peut-être les femmes devinent-elles cet art que les hommes, vu l'étendue et l'importance de leurs ouvrages, apprennent si péniblement et cultivent si laborieusement." (Elégies, an XIII)
2 - Romantismes: régression du statut féminin et de la poésie féminine. Le code Napoléon les définit comme "minores". Tendance chez les femmes-poètes à une crispation académique qui leur fait refuser la révolution littéraire en cours. Le Romantisme accorde à la femme un rôle d'inspiratrice et non de créatrice. Articles hostiles et haineux concernant les femmes-poètes sur le thème "inspirez mais n'écrivez pas".
3 - Modernités: "L'art pour l'art" - la matière maîtrisée - la belle forme - la référence à la sculpture qui est d'abord un métier d'hommes. Le sonnet comme exemple-type de cette maîtrise (virile) de la forme. Période d'innovations créatrices qui sont refusées aux femmes, attardées qu'elles sont dans des "méandres lamartiniens" tout juste bons à faire pleurer Emma Bovary. Les femmes paraissent elles-mêmes oublier les problèmes de la forme et continuent à versifier comme Lamartine, Musset et Hugo.
4 - Fin de siècle: évolution de la condition féminine, aspiration du public et des critiques à une poésie plus accessible, moins hermétique. Les femmes paraissent détenir la clef de cette nouvelle révolution poétique. Charles Maurras parle d'un "romantisme féminin", d'autres utilisent l'expression "Sapho fin de siècle". La sensualité devient un thème à la mode. On hésite à qualifier cette renaissance: "désirs épars", "nudité aguichante", "poésie dionysiaque" ou... "décadence"? Proust à propos d'un tableau de Gustave Moreau: "le visage empreint de douleur céleste, on se demande, à le bien regarder, si ce poète n'est pas une femme".
*
La Renaissance
"They are able to impart a sense of individuality and authenticity to their voices in spite of the fact that their works incarnate much of conventional Renaissance thought: the cult of antiquity, the concomitant predilection for ornate expression, the use of conventional topoï en forms, a love of balanced and polished diction, rare words, mythological references, and ideals of ancient moral philosophy, history, and letters. Not surprisingly, the women with the most authentic and individual voices are those not belonging to the upper nobility, those not related to literary men, and those who were affiliated with socially, politically, or religiously, subversive groups..."
(Katharina M. Wilson: Women writers of the Renaissance and Reformation, p.XII, 1987)
Quelques pistes proposées par Éliane Viennot
Université de Saint-Étienne, Institut Claude Longeon
1 - On observe de nombreuses femmes à des postes de haute responsabilité: "la Renaissance est - avec la période mérovingienne - la seule dans l'histoire de France où l'on observe une concentration de femmes gouvernant le royaume (Catherine de Médicis, Marie de Médicis..." et bien d'autres. La plupart ont écrit.
2 - Les femmes ont été au premier plan des luttes idéologiques et des débats religieux, qu'elles soient protestantes ou catholiques. Il existe d'intenses échanges épistolaires avec les réformateurs. Concernant la Contre-Réforme, penser à Mme Acarie et Marguerite de Valois.
3 - Dans le domaine philosophique, "on voit le retour du platonisme", version chrétienne, qui va profondément modifier la conception et l'image de la femme héritées du Moyen-Age. Il ne faut donc pas s'étonner de lire des poèmes imprégnés de "féminisme": Les femmes revendiquent le droit d'écrire, de penser et n'hésitent pas à stigmatiser ceux qui les regardent avec mépris et les tiennent à l'écart des lieux éducatifs.
4 - L'émergence de la bourgeoisie déstabilise les lieux traditionnels de savoir. Les nouveaux lettrés ne sont plus des clercs liés à tel ou tel monastère, par ailleurs ils ne veulent plus payer leur savoir au prix du célibat (Ce sera pourtant encore le cas de certaines femmes (Catherine des Roches) qui ne veulent pas sacrifier leur goût pour le savoir aux servitudes de la famille). Mais les hommes ont femme et enfants sans voir perturbée leur carrière littéraire. Ces derniers vont donc profiter des nouveaux réseaux liés à l'imprimerie et qui amènent dans le foyer un savoir jusque là réservé aux clercs: le capital culturel se transmet aussi de père en fils et... en fille. Celles-ci verront cependant leur formation intellectuelle soumise à des impératifs moraux et familiaux (Agrippa d'Aubigné limitant clairement les domaines accessibles à ses propres filles). Le mariage contribue quand même à une certaine émancipation culturelle des femmes (ce qu'on ne pourra plus dire au 19ème siècle!).
Maris, amants, parrains: Lamartine (Antoinette Quarré la lingère), Musset (Marie Ménessier-Nodier), Hugo, Dumas (Mélanie Waldor), Vigny, Baudelaire, Sainte-Beuve (Mme d'Arbouville)...Alphonse Daudet (Madame Alphonse Daudet). Dumas (Mélanie Waldor).
" Douleur maternelle (Mater dolorosa) Mère et fille...
"Apparition d'un essaim chantant de jeunes filles sorties des rangs du peuple"((Amable Tastu), sous Louis-Philippe et au-delà.
(Antoinette Quarré, Reine Garde, Malvina Blanchecotte... et Hermance (Sandrin) Lesguyon, Clémence Robert, Adèle Daminois, Victoire Babois, Eugénie Niboyet, Amable Tastu Gabrielle Soumet, Louise Crombach...)
La dimension sociale et/ou politique?
La dimension provinciale
Nantes: Elisa Mercoeur
Le Pellerin: Adine Riom
Lorient: Sophie Hue
Unanimisme, panthéisme, fusion avec la nature:
(Dauguet, Noailles...)
La mort fantastique ou... baroque ?( Anaïs Ségalas...)
La dimension philosophique... interdite ("le philosophisme")
(Constance de Salm-Dick, Mme de Staël, Renée Vivien...)
Coup de déprime:
Coupés classiquement où du soleil soupire,
Alignant leurs tuyaux rejoints et inégaux,
Sous l'écheveau de lin et que colle la cire.
Elle est de bois dur, dissonante dans le vent,
Et sussure en mineur, pleine de sourds bécarres
Ou d'étranges bémols qui vont se dissolvant
Avec le cri bleu des crapauds au bord des mares."
Cécile Sauvage, 1910
Le jury de poésie de la revue "Femina" (avril 1911)
J'ai choisi le mot "poétesse", malgré ses connotations négatives, , parce que les synonymes me paraissent encore moins satisfaisants: "femme poète", expression concurrente de "une poète" et déjà utilisée au 19ème siècle, a le fâcheux inconvénient d'afficher la femme avant le (la) poète. Pourquoi pas "homme poète"? Le mot "poète" seul, entendu au féminin ("la poète"), voit son genre effacé au pluriel ("les poètes"). "Poétesse", prôné par George Sand et plus tard par Lucie Delarue-Mardrus, a l'avantage d'afficher en un même mot d'abord la poésie puis la féminité, ce qui convient parfaitement à mon projet.
Natalie Clifford-Barney vers 1900 (détail)
Voir l'album photo du blog
Mme Ackermann: Une femme qui rime...
"Mon mari a toujours ignoré que j'eusse fait des vers; je ne lui ai jamais parlé de mes exploits poétiques. A me voir, du matin au soir, dépouiller ou vaquer aux choses du ménage, comment aurait-il pu soupçonner qu'il avait épousé une ex-Muse? La vraie raison de mon silence, c'est que je tenais extrêmement à sa considération. Or, il ne faut pas se le dissimuler, la femme qui rime est toujours plus ou moins ridicule".
.
Mais sachez, illustre Personne,
Que par un sentiment malin
Contre le sexe féminin,
En lisant vos écrits si remplis de justesse
D'agrément, et de politesse
On veut que vous soyez Cavalier ou Blondin.
C'est nous faire un affront étrange.
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Constance de Salm-Dick (début 19ème)!
"Je puis bien être un homme aussi"
A un auteur d'élégies qui blâmait la sévérité de mes épîtres
Tu n'es pas juste, ami, lorsque tu blâmes
Mon vers philosophique et mon ton réfléchi
Qui, dis-tu, ne sied pas aux dames.
Je sais que les transports, les amoureusesflammes,
Les langueurs d'un tendre souci,
Semblent mieux convenir à nos esprits, nos âmes;
Mais, lorsque sur ce point tant d'hommes sont des femmes,
Je puis bien être un homme aussi.
Constance Salm-Dick (début 19ème)
Extraits de l'Epitre aux femmes
"O femmes, reprenez la plume et le pinceau"
*
"De l'étude, des arts, la carrière est ouverte;
Hommes, nous y volons; c'est là que l'univers
Jugera si nos mains doivent porter des fers."
*
" C'est par des traits plus sûrs qu'il faut montrer aux hommes
Tout ce que nous pouvons et tout ce que nous sommes.
C'est à les admirer qu'on veut nous obliger;
C'est en les imitant qu'il faut nous en venger.
Science, poésie, arts qu'ils nous interdisent,
Sources de voluptés qui les immortalisent,
Venez, et faites-voir à la postérité
Qu'il est aussi pour nous une immortalité."
Elle n'est pas là pour nous, cette fête des âmes!
Fût-elle pour nos fils, nos frères, nos amants,
Elle n'est pas là pour nous, femmes, tribun, tu mens!...
Trouve la volupté dans notre flétrissure;
Violateurs de Dieu qui jetez au hasard
Votre paternité dans quelque lupanar,
Où, comme un vil bétail, la faim et l'ignorance
Parquent pour vos plaisirs des femmes sans défense...
Marie de Romieu à son frère, poète, 1581
"N'ayant pas le loisir, à cause de notre ménage, de vaquer comme vous, à chose si belle et divine que les vers..."
Monsieur et bien aimé frère, je reçus un merveilleux contentement de vos lettres ces jours passés, non moins agréables que pleines d'un style doux-coulant accompagné de belles sentences dignes de vous. Mais d'ailleurs je fus grandement étonnée et comme ravie d'admiration ayant lu une certaine invective avec quelques satires qu'aviez fait à l'encontre de notre sexe féminin envoyée à Monsieur notre oncle Desaubers, homme recommandé pour un des premiers, comme savez, de notre ville, tant en grade de dignité que de singulière doctrine. Et ce qui me tourmentait le plus, c'était que j'ignorais la cause qui vous avait pu émouvoir à tonner ainsi contre les femmes. Quant à moi, étant du nombre de ce noble et divin sexe, j'ai bien voulu vous montrer en cela que je n'étais dépourvue de l'art de poésie, comme celle qui se plait quelquefois avec une incrédible délectation après la lecture d'icelle. Prenez donc en bonne part, mon Frère, ce mien bref discours que je vous envoie, composé assez à la hâte, n'ayant pas le loisir, à cause de notre ménage, de vaquer (comme vous dédié pour servir aux Muses) à chose si belle et divine que les vers. cependant je vous prierai de me tenir toujours en vos bonnes grâces, comme v
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