Roches (Madeleine des)
Madeleine des Roches
Mère de Catherine des Roches (Volume 2)
Extrait du Parnasse des Dames (Tome 2)
Vers à un ami
Tous ces vers que je vous donne,
Ont besoin d'être réformés;
Ce sont des enfants d'Erictonne (???Ericthée),
Qui sans père ont été formés.
Sur la situation de son âme
Ayant souffert treize ans d'une injuste puissance,
Le travail et l'ennui, la peine et la douleur,
Ont pris si forte place au centre de mon coeur,
Que je n'y trouve lieu pour la seule espérance.
Stances
Inconvénients des Femmes qui cultivent les Lettres.
Nos parents ont, de louable coutume,
Pour nous tollir (enlever) l'usage de raison,
De nous tenir closes dans la maison,
Et de nous donner le fuseau pour la lume.
Traçant nos pas selon la destinée,
On nous promet plaisir et liberté,
Mais ce plaisir qu'on a tant souhaité
Nous range-t-il sous les lois d'Hyménée?
Il faut soudain que nous changions l'office
Qui nous pouvait quelque peu façonner,
Ou les maris ne nous ferons sonner
Que l'obéir, le soin et l'avarice.
Quelqu'un d'entre eux ayant fermé la porte
A la vertu, nourrice du savoir;
En nous voyant craint de la recevoir
Quand elle porte habit de notre sorte.
Mon Dieu, mon Dieu! combien de tolérance
Que je ne veux ici ramentevoir! (dont...me souvenir)
Il me suffit aux hommes faire voir
Combien leurs lois nous font de violence.
Les plus beaux jours de nos vertes années
Semblent les fleurs du printemps gracieux,
Que suit l'orage et les vents pluvieux,
Qui vont bornant nos courses terminées.
Au temps heureux de ma saison passée,
J'avais bien l'aile unie à mon côté;
Mais en perdant ma jeune liberté,
Avant le vol ma plume fut cassée.
Sonnet sur la mort d'une amie
Las! où est maintenant ta jeune bonne grâce,
Et ton gentil esprit, plus beau que la beauté?
Où est ton doux maitien, ta douce privauté?
Tu les avais du Ciel, ils y ont repris place.
O misérable, hélas! toute l'humaine race,
Qui n'a rien de certain que l'infélicité!
O triste que je suis, ô grande adversité!
Je n'ai qu'un seul appui en cette terre basse.
O ma chère compagne, et douceur de ma vie,
Puisque les Cieux ont eu sur mon bonheur envie,
Et que tel a été des Parques le décret:
Si après notre mort le vrai amour demeure,
Abaisse un peu tes yeux de leur claire demeure,
Pour voir quel est mon pleur, ma plainte et mon regret.
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