Sampeur (Virginie) Haïti 1839-1919
Virginie Sampeur
(1839-1919)
Haïti
- Article de Saint-John Causse consacrée à la poésie féminine haïtienne
- Consulter aussi l'anthologie de Louis Dantin: après la poésie québécoise, le livre fait une place à la poésie haïtienne.
- Anthologie de la poésie haïtienne
(Ah! si vous étiez mort!...)
“ Ah ! si vous étiez mort ! De mon âme meurtrie
Je ferais une tombe où, retraite chérie,
Mes larmes couleraient lentement , sans remords...
Que votre image en moi resterait radieuse!
Que sous le deuil mon âme aurait été joyeuse!
Ah! si vous étiez mort!
Je ferais de mon coeur l'urne mélancolique
Abritant du passé la suave relique,
Comme ces coffrets d'or qui gardent les parfums;
Je ferais de mon âme une ardente chapelle
Où toujours brillerait la dernière étincelle
De mes espoirs défunts.
Ah ! si vous étiez mort , votre éternel silence ,
Moins âpre qu’en ce jour , aurait son éloquence ,
Car ce ne serait plus le cruel abandon
Je dirais: "Il est mort, mais il sait bien m'entendre,
Et peut-être en mourant n'a-t-il su se défendre
De murmurer: "Pardon!"
Mais vous n'êtes pas mort! ô douleur sans mesure!
Regret qui fait jaillir le sang de ma blessure,
Je ne puis m'empêcher, moi, de me souvenir;
Même quand vous restez devant mes larmes vraies,
Sec et froid, sans donner à mes profondes plaies
L'aumône d'un soupir!
Ingrat ! vous vivez donc, quand tout me dit vengeance !
Mais je n’écoute pas ! A défaut d’espérance
Le passé par instants revient , me berce encor.
Illusion, folie ou vain rêve de femme,
Je vous aimerais tant, si vous n'étiez qu'une âme!
Ah! que n'êtes-vous mort!
( L’abandonnée, 1876 )
Puisque le ciel t'envoie
Puisque le ciel t'envoie
Fortune, amour et joie,
Tu peux bien m'oublier;
Vis sans inquiétude,
Et dans la solitude,
Pour toi je vais prier!
Si le bonheur te quitte,
Reçois-tu la visite
De la sombre douleur,
Ami, pense à moi; vole
Vers celle qui console,
Viens pleurer sur mon coeur.
Au Temps
Médecin de mon coeur naguère si souffrant,
Qu'as-tu fait de mon mal que je regrette tant?
Rends-le moi, je t'en prie;
Rends-moi mon autre vie;
Rends-moi des jours passés le langoureux soupir,
Et l'espoir décevant dont j'ai failli mourir,
Et mes douces chimères,
Et mes larmes amères!
Mon pauvre coeur va-t-il saigner encor, ô Temps?
Connaîtra-t-il encor la foi de ses vingt ans?
J'aurai trop peur d'y croire:
Cours à d'autres victoires!
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