Sartin (pierrette) 1911- 2007
Pierrette Sartin
191- 2007
L'ami
L’ami est celui qui comprend
sans avoir besoin de paroles.
D’un seul regard il nous console
de nos chagrins petits ou grands.
L’ami est chaleur et lumière
il est la flamme et le flambeau
la source qui devient rivière
l’âme-sœur le frère jumeau.
Il est autre et pourtant nous-mêmes
notre reflet et notre écho
dans le miroir d’un seul poème
dans le secret du jardin clos.
Sur la page "ecole.onsevoitdemainalors.org"
Dans l'anthologie de Jeanine Moulin
(Comment me reconnaître...)
Comment me reconnaìtre à travers l'apparence?
Je me cherche et te trouve et me reperds encor.
Et quand j'atteins en toi ma vaine ressemblance
Je surgis devant moi sous un autre décor.
Trouverai-je jamais l'exil, le dur refuge
Où je serai enfin de moi-même effacé...
Le désert pour témoin! le silence pour juge!
La chair sans souvenirs et l'âme sans passé,
Ou suis-je condamné à ne voir face à face
Que ton ombre à mon ombre étroitement liée?
Et ne puis-je me fuir sans retrouver ma trace
Et nos pas confondus sous un ciel oublié?
L'Ombre et le Dieu, 1949
(Visage refusé)
Visage refusé qui sur moi se referme
Et me veut enchaîner aux murs de sa prison
Je ne retrouve plus qu'en songe ta saison
Et les chemins sont longs qui mènent à son terme.
Mon amour accordé! Ma blonde caravelle!
Ma ruche au miel léger et mon pain de froment!
Un dieu m'est apparu sous ce buisson ardent
Et sous mes yeux fermés des astres étincèlent.
Nouées et dénouées mes gerbes de soleil!
Liés et déliés mes épis d'abondance!
Dans la vitre cerclée d'aurore et d'innocence
La solitude point aux crêtes du réveil.
Se peut-il qu'un visage exhale tant d'absence
Et que la même nuit qui fond sur les contours
N'offre plus que le deuil d'un exil sans retour
Un royaume où s'éteint la dernière apparence?
Quel feu flottant d'espoir guidera mon voyage
S'il me faut aux confins de l'âme, retrouver
Le symbole et le nom de l'autre passager
Que chacun porte en soi denaufrage en naufrage?
(De quels hôtes défunts:::)
De quels hôtes défunts suis-je la vraie demeure
Exilé en moi-même et toujours étranger?
Suir la prairie d'hiver et la nuit du verger
Quel instant éternel tremble aux perles de l'heure?
O Miroir inconnu! Quel est le messager
Qui chante par ma voix une autre solitude?
Quels ancêtres captifs au fil des longitudes
M'apportent le tourment des siècles naufragés?
Quels autres vont en moi chercher leur délivrance?
Ce murmure gonflé d'universel adieu
Est-ce l'appel des morts au plus secret du jeu
Qui hèle mon destin vers sa dernière chance?
Ames d'un autre moi! Mortes réincarnés,
Quand je plie sous le faix de la peine du monde
Est-ce vous qui peuplez, royales vagabondes,
Cette prison de feu où je suis enfermée?
Visages de l'étranger, 1952
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