Seguin (Hélène) 1885 - ?
Hélène Seguin
(1885-?)
Le Réseau fragile, 1910
Du Soleil sur le toit, 1911
La tendre Effigie, 1925
Le Miroir de Clélie, 1926
Sous le Signe de la Croix, 1926
Au Clavier de mon Coeur, 1951
Sursum corda
Pourquoi toujours se plaindre et maudire la vie,
Faire gémir l'écho de nos regrets humains;
Lorsque tant de beauté sur la route suivie
Peut enchanter nos coeurs et retenir nos mains?
Beauté! force du monde et raison de la vie!
Par le bonheur rêvé, qui n'est jamais atteint,
Par la soif d'idéal, qui reste inassouvie,
Elle fleurit nos jours, en dépit du Destin.
Elle était dans les yeux de l'enfant que nous fûmes,
Parmi ces soirs de rêve à notre songe offerts,
Dans le silence aussi, lourd de nos amertumes,
Et même dans les maux que nous avons soufferts.
Levons-nous, inspirés par ce sacré délire,
Chantons notre souffrance au lieu de la pleurer,
Sur un rythme paisible accordons notre lyre,
Pour délivrer nos coeurs du mal de soupirer!
..... (Dans Anthologie de Louis Payen, tome 2, 1927)
Vieille église
(A Maurice Barrès)
Avec sa tour vétuste où s'enroule le lierre,
Son clocher ajouré d'où ne s'envole plus
En notes de cristal l'appel des Angélus
Et son porche branlant dont s'effrite la pierre.
Elle ne semble plus l'arche de la prière,
L'église du village aux piliers vermoulus,
Que l'encens parfumait dans des temps révolus
Quand un soleil plus rouge entrait par la verrière.
Mais si plus d'une ogive a perdu son vitrail,
Et plus d'une saint de bois l'éclat de son camail,
Si la foi sur l'autel n'allume plus de flammes,
Le grand rêve chrétien doit l'habiter encor,
Car l'église, en son fruste et paisible décor,
Fait penser à la grange où Dieu range les âmes.
(Du Soleil sur le Toit, 1911)
A l'office
C'est dimanche. On choisit avec soin sa toilette;
Tant de coquettes ont des sentiments pieux
Qu'à force de vouloir s'habiller de son mieux
Pour la messe d'une heure à peine on sera prête.
On entre à pas menus dans l'église discrète.
Souligné par la jupe au murmure soyeux,
Notre passage fait se détourner les yeux...
On s'installe, et bientôt la ferveur est complète.
Car dans l'ombre accueillante et propice à la Foi,
On sent l'Amour divin se pencher jusqu'à soi,
Et le silence alors est riche de symbole...
On regrette, on comprend les devoirs du chemin...
Et quand on donne au pauvre, en sortant, son obole,
C'est un peu de son coeur qui glisse de la main!
(Le Miroir de Clélie)
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