Sormiou (Marie de) 1865-1956
Marie de Sormiou
Madame (Alfred) de Ferry
1865-1956
Voir "Les Muses Françaises" d'Alphonse Séché,
"l'Anthologie critique des poètes", 1911,
et en bas de page un début de bibliographie.
Marseille
L'Inconsumable
Flamme qui brûle au coeur tant qu'on vit, nuit et jour,
Sans jamais changer en de la cendre incolore
Un seul rouge tison! un seul supplice! Amour
Qui ne consume rien du bûcher qu'il dévore!
Penser d'hiver
C'est l'hiver, et mon coeur, où tout est sec et froid,
Se trouve bien parmi les jardins sans verdure;
Mon coeur rigide et l'hiver calme au rêve étroit,
Echangent, demi-morts, une lente froidure.
Mais soudain mon coeur tremble et se glace d'effroi!
La vision d'avril lui sourit, ô torture!
Il voit les sentiers blancs d'aubépines... il croit
Sentir le jeune saule embaumer la nature!...
(Vérité)
Vérité! Vérité! Vierge aux mille visages!
Et que gardent toujours de plus lointain rivages!
Vierge aux yeux plus changeants que le glauque des mers,
Ta voix, ô Vérité! sait un chant plus divers
Que celui du vent bleu, l'insaisissable chose!
Et tu fuis sans laisser même un parfum de rose
Au dévôt qui te cherche aux limites du jour!
Vérité! Vérité! mystérieux amour
De l'athée et du saint, de l'artiste et du sage,
Comme tu mènes bien chacun vers son mirage
En lui disant les mots que demande sa foi!
Vérité, que tu sais devenir une loi
Plus dure que le fer qous le cloître d'église!
Que tu te fais câline et pleine de traitrise
A l'oreille de Faust, o^maîtresse, qui mens
Mieux que l'Eve infidèle aux docteurs, tes amants!
O Vérité, levier de la pensée humaine!
Unique foi de l'homme, où que ta main le mène
Qu'il te nomme Athéné, Cypris ou Jéhovah!
Etoile du berger vers qui lentement va,
Sous la profonde nuit, le fils noir de l'Afrique
Avec le Chaldéen vieux de sagesse antique!
Vérité qui poursuit à la suite du temps,
Par-dessus la défaite et ses morts attristants,
Et ses efforts perdus, le long rêve des races!
Astre clair! Vérité distante des espaces,
Que, dans le plus petit des coeurs qui bénit,
Tu sais semer la graine errante d'infini!
Et le regard qui voit derrière l'apparence,
Celui qui dans la terre aperçoit la semence,
Te discerne partout, ô germe radieux
Qui croît dans dans chaque temple, âme de tous les dieux!
O vision du songe empreint d'apostasie!
Vérité qui souvent te nommes l'hérésie!
Et l'erreur est la route ardente où doit marcher
Celui dont les efforts s'usent à te chercher,
Toi qui te fais humaine et sculptes tes images
A la taille de ceux qui vont vers tes mirages,
Lumière de la cime! ô Vérité! splendeur
Qui prends devant l'amant la forme de son coeur.
.......
Des ombres
Cette forme d'enfant qui m'apparaît ce soir,
Qu'elle m'est blonde au fond de mes vieilles pensées!
Qu'elle m'est claire l'Ombre au visage d'espoir,
Mon image passée!...
Elle vit! je la vois entre les deux chers vieux,
- O mes parents! mes morts! mes doux mélancoliques
Qui caressiez mon coeur de ce toucher soyeux
Des tendresses mystiques! -
Je la vois, la légère Ombre claire, s'offrir
A l'amour matinal des pâles ombres noires,
Comme un petit oiseau dont le bec vient s'ouvrir
Aux fleuves pour y boire...
Comme un moineau criard aussi dont la grand'faim
Veut tartine dorée, - ô tartine vermeille
Du jeune âge dont rien plus tard, nul pâté fin
N'a le goût de merveille!
Et l'Ombre claire va vers l'air bleu voltiger...
Dans les prés plus hauts qu'elle où son son sillon se trace.
Elle cabriole, ivre, et le corps tout léger
De porter tant d'espace!...
Elle dompte ses chiens, les martyrise fort;
Les transforme en chevaux de charrette ou de course...
Puis, sur son petit âne, au prix de mille efforts,
Elle franchit la source!
Et voici qu'elle pense... elle touche une fleur!
En lisse le satin plus pur que sa chair rose...
Et s'émerveille... grave, effleurant la douleur
D'être trop belle chose...
Comme elle vibre en aspirant un soir d'avril
Un soir au parfum neuf et vert comme le rêve
Qui s'enfle dans son coeur!... ce bouton puéril
Tout regorgeant de sève...
Ce coeur neuf qui sent le jumeau des bourgeons
Tout gonflé d'une sève inconnue et coulante
En nocturnes odeurs!... O coeur de sauvageon!
O chose violente,
Qui tressaille au toucher du printemps nouveau-né
Sur sa tige - ce corps d'avril aux tendres pousses, -
Si bellement! sans voir l'émoi passionné
De la pure secousse!
Petite âme buveuse au parfum fabuleux,
Aux parfums d'espérance! âme neuve entr'ouverte
Qui t'offres à la vie en ces nocturnes bleus
Au goût de lèvres vertes!...
Et maintenant je vois, sous la lampe d'hiver,
L'enfant sage écrivant de beaux devoirs d'histoire,
Dans d'énormes cahiers marbrés, jaunes, blancs, verts,
Polis comme l'ivoire!
Et ce sont visions si douces que des pleurs
Gonflent mes yeux durant qu'elle défilent belles,
Belles de ce silence et de cette pâleur
Des Ombres immortelles...
Et ce sont bonheurs morts dont doute mon coeur lourd...
Est-ce moi, la savante en misères étranges
Qui fut ce bourgeon vert tout duveté d'amour?
Dieu! cette image d'ange?
Chants de soleil
Bibliographie
- Chants de soleil
- La vie triomphante
- Hylaeos (2 actes en vers)
- Ode à la Provence
- Stances à Mireille
- Cantique au Cantique des Cantiques
- Les louanges aux créatures
- La Joie aux Pieds Nus (1936)
et publications annoncées en 1936 de
- Solstices
- Sel de berre
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