Stuart (Marie) ... ... ... ... ... (1542-1587)
Marie Stuart
1542-1587
Mary’s poems in the original french (archive.org)
(Elle, pour son honneur...)
Elle, pour son honneur, vous doit obéissance;
Moi, vous obéissant, j'en puis recevoir blâme,
N'étant, à mon regret, comme elle votre femme
Et si n'aura pourtant ce point prééminence.
C'est pour son seul profit qu'elle use de constance,
Car ce n'est peu d'honneur dêtre de vos biens l'âme;
Et moi, pour vous aimer, j'en puis recevoir blâme
Et ne lui veux céder en toute l'observance.
Elle, de votre mal n'a l'appréhension;
Moi, je n'ai nul repos tant je crains l'apparence;
Par l'avis des parents elle eut votre accointance;
Moi, malgré tous les miens, vous porte affection;
Et toutefois, mon coeur, vous doutez ma constance,
Et de sa loyauté prenez ferme assurance.
(Mon coeur, mon sang...)
Mon coeur, mon sang, mon âme et mon souci,
Las, vous m'avez promis qu'aurais plaisir
De deviser avec vous à loisir
Toute la nuit où je languis ici.
Ayant le coeur d'extrême peur transi
Pour voir absent le but de mon désir,
Crainte d'oubli un coup me vient saisir;
Et l'autre fois je crains que rendurci
Soit contre moi votre amiable coeur
Pour quelque dit d'un méchant rapporteur;
Une autre fois je crains quelque aventure
Qui par chemin détourne mon amant
Par un fâcheux et nouvel accident:
Dieu, détournez tout malheureux augure!
(Que ne suis, hélas...)
Que suis-je, hélas ! et de quoi sert ma vie ?
Je ne suis fors qu'un corps privé de coeur,
Une ombre vaine, un objet de malheur,
Qui n'a plus rien que de mourir envie.
Plus ne portez, ô ennemis, d'envie
A qui n'a plus l'esprit à la grandeur,
Ja consommé d'excessive douleur.
Votre ire en bref se verra assouvie.
Et vous, amis, qui m'avez tenue chère,
Souvenez-vous que sans heur, sans santé,
Je ne saurais aucun bon oeuvre faire.
Souhaitez donc fin de calamité
Et que ci-bas, étant assez punie,
J'aie ma part en la joie infinie
(En mon triste et doux chant...)
En mon triste et doux chant
D'un ton fort lamentable
Je jette un oeil tranchant
De perte incomparable
Et en soupirs cuisants
Passe mes meilleurs ans.
Fut-il un tel malheur
De dure destinée
Ni si triste douleur
De dame fortunée
Qui, mon coeur et mon oeil
Mis en bière ou cercueil.
Qui, en mon doux printemps
Et fleur de ma jeunesse
Toutes les peines sens
D'une extrême tristesse
Et en rien n'ai plaisir
Qu'en regret et désir.
Ce qui m'était plaisant
Ores m'est peine dure
Le jour le plus luisant
M'est nuit noire et obscure
Et n'est rien si exquis
Qui de moi soit requis.
J'ai au coeur et à l'œil
Un portrait et image
Qui figure mon deuil
Et mon pâle visage
De violettes teint
Qui est l'amoureux teint,
Si, en quelque séjour
Soit en bois ou en prés
Soit pour l'aube du jour
Ou soit pour la vesprée
Sans cesse mon coeur sent
Le regret d'un absent.
Mets chanson ici fin
A si triste complainte
Dont sera le refrain
Amour vraie et non feinte
Pour la séparation
N'aura diminution.
J'aie ma part en la joie infinie.
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