Swarth (Hélène) 1859-1941
Hélène Swarth
(Hélène Lapidoth)
1859-1941
Consulter la très longue page qui lui est consacrée
- 1879: Fleurs de rêve
- 1881: Les Printanières
- 1883: Feuilles mortes
- 1909: Rayons blafards
Quelques poèmes empruntés au site "Le Paradis des albatros"
Au lecteur
Toi qui, d’un air distrait, fumant tes cigarettes,
Feuilletteras ces vers, échos des chants du cœur,
Couché dans ton fauteuil, je te vois qui t’apprêtes
À rejeter mon livre avec un ris moqueur.
J’allais te demander, lecteur, ton indulgence,
M’installer, en causant, une heure, au coin du feu,
Mais tu me fais trembler avec ton exigence...
Car je suis une femme, et non pas un bas-bleu.
Je suis tout simplement une humble jeune fille
Et nous serions amis, si tu le voulais bien.
Es-tu rêveur ? — Alors je suis de ta famille.
Tu ne me connais pas, mais cela ne fait rien.
Respire les parfums de ces fleurs de mon rêve.
J’ai composé pour toi ce bouquet ; le voici.
Si mon livre t’a fait paraître l’heure brève
Tu me diras : « C’est bien ! » et je dirai : « Merci ! »
Les Artistes
Avez-vous rencontré parfois ces jeunes hommes ?
— Ils marchent lentement et sur leurs fronts pâlis
La méditation a creusé de grands plis.
Leurs pensers ne sont pas sur la terre où nous sommes.
Leur âme par moments apparaît dans leurs yeux,
Ainsi que dans la nuit se dévoile, ingénue,
La lune qui se lève et déchire la nue,
Pour inonder les bois d’un éclat radieux.
À défaut d’autre nom nous leur disons : Artistes !
Sentant qu’ils ne sont pas des hommes comme nous ;
Et leurs œuvres nous font tomber à deux genoux,
Car, ô divinité, c’est toi qui les assistes !
Le génie a marqué leurs fronts d’un sceau fatal.
Comme les pèlerins il faut toujours qu’ils aillent.
D’un éternel désir ils souffrent et tressaillent,
Car ils voudraient trouver et saisir l’idéal.
Cet impossible rêve à plus d’un semble étrange,
Mais il est, voyez-vous, un lointain souvenir :
Aux cieux éblouissants ils voudraient revenir,
Car ils avaient jadis les ailes de l’archange !
Mépris
Je mettrai mon âme si haut
Que rien du monde ne l’atteigne,
Maudire n’est pas ce qu’il faut :
Je souris, fière, et je dédaigne.
Courage ! l’animal rampant
Reculera dans l’ombre infâme
Et je serai comme la femme
Qui mit le pied sur le serpent.
Ô serpent ! rentre dans la vase !
Haine et colère, endormez-vous !
Le mépris vaut bien le courroux
Il ne mord pas, mais il écrase.
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