Walter (Judith) 1845-1917
Judith Walter
ou Judith Gautier ou Judith Mendès
(1845 ou 46?-1917)
Orient, Hugo, Baudelaire Wagner etc...
Au bord de la rivière
Selon Li-Tai-Pé.
Des jeunes filles se sont approchées de la rivière ;
elles s'enfoncent dans les touffes de nénuphars.
On ne les voit pas, mais on les entend rire,
et le vent se parfume en traversant leurs vêtements.
Le cormoran
Selon Sou-Tong-Po.
SOLITAIRE et immobile, le cormoran d'automne
médite au bord du fleuve,
et son oeil rond suit la marche de l'eau.
Si quelquefois un homme se promène sur le rivage,
le cormoran s'éloigne lentement en balançant la tête ;
Chanson chinoise
Sous les saules du petit fleuve
Habitait le roi de Tchi-Li;
Le jade clair et l'or poli
Pétillaient sur sa robe neuve.
Son pavillon au toit léger,
Qui mêlait ses treillis aux branches,
Jusqu'au bord de ses marches blanches
Voyait les sarcelles nager.
Mais il ne vient plus de sarcelles
Sur l'eau qui baise les talus;
Le satin blanc ne frémit plus,
Plein de sonores étincelles.
Dans les chambres de bambou noir
Dorment les robes somptueuses;
Le long des rampes tortueuses,
Le vent monte et pleure, le soir.
Le ciel gris ternit l'eau limpide,
Près du pavillon désolé.
C'est que le roi s'en est allé:
La lune ainsi passe, rapide.
Les flots n'ont pas su retenir
Sa chère image, et l'onde est veuve.
Mais lui, le roi, du petit fleuve
A-t-il gardé le souvenir?
Le livre de jade (1867)
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D'après Saadi
Je suis tout près de toi, mais ne peux te saisir...
La coupe du baiser se refuse à ma bouche,
Et, près du puits scellé, pour mourir je me couche,
L'âme et le corps brûlés au feu de mon désir,
Ainsi, dans le désert, à la peine succombe
Le chameau, cheminant sous un trop lourd fardeau,
La lèvre desséchée, il tombe sur sa tombe,
Et meurt de soif, lui qui portait la charge d'eau l
La pivoine
Elle riait, collant son front lisse au treillage,
De voir trembler dans l'or aux sept toits de métal
Et de compter sur l'eau les perles d'un sillage.
Près d'une porcelaine où seule et sans feuillage,
Une pivoine rêve à son jardin natal,
Elle faisait chanter la flûte de santal,
Ou peignait d'oiseaux fins le dos d'un coquillage.
Pourquoi, oubliant les soirs de cuivre roux,
Les jonques et le son du santal à huit trous,
Mordille-t-elle un ongle étroit, teint d'antimoine?
C'est qu'elle a vu passer, doux en la regardant,
Un poète. Son front n'a plus qu'un rêve ardent,
Comme une porcelaine où trempe une pivoine.
Poésies, 1911
Bibliographie
Le livre de jade (1867). Adapté du chinois
Poésies (1911)
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